Un nouveau site pour trouver rapidement où se faire avorter en Île de France

8 décembre 2019

Il y a quelques semaines, je lisais un témoignage touchant et révoltant d’une jeune femme et de sa galère pour avorter en France. Ce n’est pas la première fois que je lis ou entends ce type d’expérience.
Comme ça n’arrive pas qu’aux autres, je pense qu’il est important de partager ce nouveau site internet ivglesadresses.org créé à l’initiative de médecins afin de trouver plus facilement les centres d’ivg en Île de France.

Plus les blogs et autres sites d’informations le relaieront, plus le site apparaîtra dans les premiers résultats de Google aux dépends de ceux actuellement anti-avortements.

Cette nouvelle et bonne initiative m’a rappelé que j’avais gardé dans mes archives des questions posées en 2010 à une copine âgée de 27 ans qui m’avait parlé de l’ IVG tardive qu’elle avait subit à une semaine de la fin du délai légal en France.
Elle avait accepté de répondre à mes questions afin de partager son expérience personnelle.

Comment es-tu tombée enceinte malgré ton moyen de contraception ?

Je prenais une pilule faiblement dosée et j’avais des relations sexuelles régulièrement avec mon copain. On était ensemble depuis 4 mois. J’avais 21 ans.
Je voulais mettre fin à notre histoire et décidais de partir travailler en Suisse.

Pourquoi as-tu mis si longtemps à t’en rendre compte ? 

Dès que j’ai eu un peu de retard, j’ai fait un test en pharmacie. Il s’avérait négatif et le fait que je prenne la pilule me rassurai et éloignai toute possibilité de grossesse.
Du temps s’est écoulé, persuadée que le retard (assez fréquent chez moi) s’expliquait par le changement de climat, de rythme, d’autant plus que quelques saignements sont apparus durant 3 jours que je percevais comme l’arrivée de mes règles. Je n’avais donc plus aucun doute, je ne pouvais pas être enceinte.

Alors comment t’es-tu rendue compte que tu étais enceinte ? (effet secondaires physiques, délai de leurs apparitions…)

Après plusieurs semaines, je me rendais compte que je mangeais beaucoup plus que d’habitude et surtout d’une manière très différente, presque obsessionnelle, boulimique, avec un plaisir pour le goût des aliments décuplé. J’étais souvent fatiguée et mes humeurs variables. Je ne supportais plus certaines odeurs…

Pourquoi avoir choisi l’avortement ? La 1ère raison pour laquelle tu as décidé de ne pas le garder ?

J’ai mis beaucoup de temps à prendre une décision… J’ai bien sur envisagé les 2 cas de figures pour être sure de faire le bon choix. Je n’avais plus beaucoup de temps, je l’ai su à 11 semaines de grossesse ce qui est proche de la limite de délais pour l’avortement et je l’avais déjà dépassé en Suisse.
Sans proche pour pouvoir me conseiller, je culpabilisais à l’idée de voler une vie qui commençait à naître en moi et réalisais avec lucidité l’importance de ne pas être égoïste et ma position morale et matérielle face à un enjeu que je devais assumer.
J’ai pris la décision d’avorter car ma situation ne me permettais pas d’avoir un enfant, ni celle de ma mère et je ne me sentais pas prête.

Quand tu l’as annoncé (si tu l’as annoncé au père), quelle a été sa réaction?
Il a accepté de t’aider à payer les frais ?

Je lui en ai parlé justement car j’avais besoin qu’il m’aide pour les frais.
Comme j’avais mis fin à notre relation il m’a harcelé pour que je le garde et que je retourne avec lui.
Ca a été très dur de lui accorder l’attention dont il avait besoin pour qu’il comprenne la situation, sans être fragilisée.
Finalement, il m’a envoyé de l’argent.

A quel spécialiste t’es-tu adressée en premier ? (généraliste, gynécologue…) Dans l’ensemble, quel a été sa réaction ?

Je me suis adressée à un Gynécologue, en Suisse. Sa réaction à été plutôt négative au fait que je veuille avorter, il essayait de me faire changer d’avis en me posant toute sorte de questions sur la raison de mon choix.
J’ai senti que son rôle étais aussi de tout faire pour éviter au maximum les avortements, et j’avoue que son regard était jugeur et difficile à supporter dans un moment ou l’on a besoin d’aide.

Quelles ont été les démarches les plus efficaces ? (planning familial, hôpital, généraliste…)

Etant donné avoir dépassé la date limite en Suisse, je suis retournée en France ou j’avais 1 semaine de plus autorisée.
Je suis donc passée par le planning familial ou des personnes à mon écoute, m’ont accueilli et expliqué les différentes façons de pratiquer une IVG (Interruption volontaire de grossesse) :
– par voie médicamenteuse,
– par aspiration en anesthésie locale,
– ou en anesthésie générale.

J’ai pu discuter, être conseillée, rassurée et suivre rapidement les démarches suivantes.
Je suis allée à l’hôpital pour l’intervention par aspiration en anesthésie locale.

Quel a été le prix total de ton ivg ?

Environ 100€ (une partie est remboursée), la visite au Planning familial est gratuite. Pour ce qui concerne la méthode en anesthésie générale, c’est un peu plus cher.

Cela a été douloureux ? Quels ont été les effets secondaires ?

Ca a été douloureux pour moi car j’en étais presque à 3 mois. Mais en général c’est assez rapide, à peu près 20 minutes. C’est un mauvais quart d’heure à passer surtout psychologiquement.
Car on est conscient de tout ce qui se passe et de ce que l’on nous « retire » du corps.
C’est un choc, physique et émotionnel, ce n’est pas quelque chose d’anodin.

Après l’intervention, on se sent affaiblit et déstabilisé.
Mais l’important est d’assumer et de rester persuadée de son choix.

Avec du recul, que ressens-tu quand tu y penses ?

Avec du recul, j’y pense comme une erreur de ma vie que je n’ai pu éviter mais qui ne me rend pas fière de moi. Mais ça m’a permis de m’en sortir et peut être d’éviter de donner vie dans des conditions matérielles et psychologiques instables.

Quels conseils aurais tu à donner aux femmes pour éviter que ça leur arrivent ?

Il faut toujours prévoir une contraception, prendre la pilule convenablement et sans oubli car certaines pilules sont moins fortes que d’autres et vous pouvez tomber enceinte rapidement.

La pilule du lendemain est un bon rattrapage en cas d’acte sexuel sans contraception mais la prise doit absolument être occasionnelle !
Si vous avez des doutes, préférez une prise de sang à un test en pharmacie pas toujours fiable et faites-le le plus rapidement possible pour réagir au plus vite.

Et si malgré tout l’accident arrive, quels conseils as-tu à leur donner pour que tout se déroule au mieux et au plus simple ?

La première chose est d’imaginer toujours l’éventualité de le garder. Même si vous êtes beaucoup trop jeune ou si vous avez une situation qui ne vous le permet pas.
Gardez en tête les risques possibles de stérilité, même s’ils sont minimes. Réagissez au plus vite pour que ça soit moins douloureux et pour avoir le choix de la méthode d’intervention.

L’IVG par voie médicamenteuse peut se faire au début de la grossesse et consiste à prendre 2 médicaments pour expulser le fœtus. C’est douloureux aussi mais plus rapide et ne nécessite pas obligatoirement l’intervention en centre hospitalier.

Ne vous culpabilisez pas trop, dites-vous que c’est la première et dernière fois que ça vous arrive et que c’est un mauvais moment à passer.
Parlez-en au père seulement si vous êtes sure qu’il est assez mature pour comprendre et vous aider.
Je vous conseille d’aller au planning familial avant toute chose, surtout si vous êtes seule et perdue, que vous n’avez pas les moyens, vous trouverez réconfort, écoute et aide sans jugement.

Et quand tout cela est fini, veillez à ce que ça n’arrive plus à moins de le désirer.

  • summerscars
    8 mars 2013 at 8 h 52 min

    Normalement, l’IVG est 100% gratuite, pas besoin de débourser une telle somme, ça ne m’a pas coûté un centime perso.

  • Obvious child avant tout l'histoire d'une aventure d'un soir - Les bridgets
    24 février 2019 at 21 h 53 min

    […] elle doit faire un choix. Enfin, pour elle, le choix est vite fait. Elle ne réfléchit même pas, elle avortera. On suit donc son parcours pour se faire avorter, ses états d’âme, ses « scénarios » […]

  • claire
    29 mai 2021 at 18 h 42 min

    g avorté à 22a enceinte de mon mec du moment que j’aimais pas !
    ça été dur, après g enchainé les plans culs et puis un jour g trouvé mon mec
    et on a une fille 😉

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