Lettre d’amour d’Edith Piaf à Marcel Cerdan le 22 juillet 1949

19 mars 2019

On l’a déjà dit la lettre d’amour est une des plus belles traces qu’il puisse rester d’une histoire passée. Les sms, les skypes et appels les réduisent chaque jour un peu plus. Nous avons reçu récemment la collection Mots Intimes Le Robert. Avec quelques lettres d’amour répertoriées de Simone de Beauvoir, en passant par François Mitterrand ou encore James Dean.
Je regrette qu’il n’y en ait pas eu plus de nos contemporains. Ci-dessous sûrement une de celles qui m’a le plus émue. Une lettre d’Edith Piaf à Marcel Cerdan. Lui est marié et a 3 enfants. Mais ils s’aiment d’une passion folle ses mots parlent d’eux-même.



Mon adoré,

J’ai tant de choses à te dire et puis tout se bouscule. Et je me rends compte à chaque fois que je termine une lettre, que j’avais encore mille trucs à écrire et que c’est encore une fois trop tard.
La seule phrase que je n’oublie jamais c’est que je t’aime de plus en plus et que je suis complètement folle de toi.
C’est vrai, mon adoré, je m’habitue de moins en moins à nos séparations et mon coeur se déchire à chaque fois un peu plus. Je t’aime si profondément, si fort dans moi, je suis imprégnée de toi et n’ai qu’une seule idée : te rendre heureux.
Je serais capable de tout pour ton bonheur. Si tu savais les idées qui me traversent la tête, j’ai tant peur que tu aies de la peine à cause de moi, je ne veux jamais être une entrave à ton coeur.

Quand je m’aperçois, mon amour, la place que tiennent dans ton coeur tes trois petits, j’ai envie de partir très loin me disant que peut-être un jour tu me seras reconnaissant de l’avoir fait.
Ta vie est si solidement bâtie sur des choses que tu as voulues et construites toi-même, que des fois, j’ai des peurs atroces.
Oh, chéri, Dieu m’est témoin que dans cette histoire, je ne demande rien et que je suis prête à tout sacrifier.

Mais jusqu’à quand pourrons-nous vivre ainsi. Une lettre, un téléphone, une stupide coïncidence peut nous trahir et alors… ? Que deviendrons-nous ? Quelle sera ta réaction ? As-tu pensé à toutes ces choses ?
Il le faut pourtant, car je ne veux pas qu’un jour tu me gardes une rancune de ce qui peut advenir ! Cela devient de plus en plus difficile pour nous et mon coeur tremble à chaque minute ! Je veux que tu penses à nous froidement, que tu regardes bien au fond de toi et savoir aussi les responsabilités à envisager au cas où… ! […]

Comment es-tu ? Je suis si inquiète, tu me fais trembler tout le temps. Peut-être en Amérique, allons-nous enfin être heureux.

Chéri, je t’aime tant, tu ne peux savoir à quel point, tout au monde pour toi je ferais.
Je me jette dans tes bras que j’adore, je t’appartiens, tout petit adoré que j’aime. Serre-moi fort contre ton coeur, empêche-moi de respirer et dis toi que rien au monde ne compte pour moi que toi, je te le jure sur ma voix, ma vie, mes yeux. Chéri, chéri, j’aimerais
passer toute ma vie à tes pieds et te servir.

Tu es si merveilleux et je t’admire tant. Momone et Loulou t’embrassent, quant à moi je te fais ce que tu veux.

Moi petite.

Quelques mois après cette lettre, le 28 octobre 1949, il meurt dans un crash d’avion, sur la liaison Paris-New York, Marcel partait rejoindre son Edith… Elle ne s’en remit jamais tout à fait.

Elle trouvera la force de chanter « L’hymne à l’amour » le soir même sur scène chanson qu’elle avait écrite pour lui.

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