Gemma Bovery : quand la littérature sublime l’ordinaire

14 juillet 2019

Nous sommes des grandes fans du fantastique Fabrice Lucchini qui s’est souvent justement exprimé sur le couple et récemment sur sa sexualité. Après avoir vu Mademoiselle Julie, Akialam nous donne son avis sur Gemma Bovery :
Je fais partie des chanceux qui n’ont pas eu à lire Madame Bovary au cours de leurs études. Je dis chanceuse, puisque je n’ai ainsi pas eu l’occasion d’en être déçue, contrairement à nombre de mes amis, qui, même parmi les plus littéraires, ont conservé de cet ouvrage le souvenir d’un ennui profond.

Le personnage de Fabrice Lucchini a quant à lui, développé dès l’âge de seize ans une passion pour cet ouvrage, que son esprit romanesque croit voir s’incarner un beau matin en Gemma et Charles Bovery, ses deux nouveaux voisins venus de Londres.

Il lui semble alors être à nouveau le spectateur de ce drame, et si Gemma le trouble comme Emma à seize ans, il observe, non sans un certain voyeurisme, les éléments du drame se nouer.
Mais la tentation est grande d’influer sur le cours des choses et Martin va tenter de sauver Gemma de la fin tragique qui fut celle de l’héroïne de Flaubert.

Moi, j’aime Lucchini en amoureux des lettres, parce que son personnage banal en apparence et pourtant infiniment romanesque, a quelque chose de drôle et tendre, jusque dans cette absurde certitude de vivre soudain dans l’ouvrage qui l’obsède.
Gemma Aterton, sensuelle presque malgré elle, incarne à la perfection une héroïne, très belle et un brin rêveuse, qui trompe son ennui comme elle peut.
Autour d’eux, gravitent d’autres personnages, dont, je ne sais pas, ne l’ayant pas lu, s’ils font écho ou non à l’ouvrage de Flaubert : le couple d’amis bourgeois, intentionnellement grotesques est un régal, le châtelain de pacotille est délicieusement dilettante, et Charles, homme bon mais sans doute un peu trop terre à terre pour comprendre les états d’âme de son épouse, est très touchant.

La bande annonce de Gemma Bovery

Souvent drôle, ce film montre surtout une vraie tendresse pour ses personnages, qu’ils soient pragmatiques, pathétiques, ou simplement trop romanesques pour se contenter du banal.
Un hommage à l’art et à la littérature, qui peuvent sublimer jusqu’à la situation la plus ordinaire. De quoi me donner envie de découvrir un jour l’ouvrage de Flaubert, en adulte, et de mon plein gré !

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