La peur du râteau ou comment réussir à parler aux femmes

14 juillet 2022

Cela fait quelques temps que je connais LesBridgets et je leur avais promis de contribuer de participer à leur aventure en écrivant un article. Ce qui me manquait, c’est bien évidemment le sujet.
Et il y en a un qui m’a longtemps travaillé. La peur. Du râteau.
Oui, cet infâme outil qu’on a récolté tellement souvent qu’on pourrait ouvrir un magasin de jardinage. Autrement appelé « veste », « se prendre un vent », « se faire rembarrer », « se manger un stop », etc.

Les synonymes sont nombreux.

Je ne suis pas un dragueur, je ne l’ai jamais été et je ne saurai comment faire.

A chaque fois que je m’y suis essayé, je me suis empêtré dans mes propres phrases, mes explications, mes mots. Je laisse donc cela aux autres. Ce n’est pas moi, c’est comme ça.
Ce que je suis, ou plutôt, ce que j’étais, c’est un grand timide sans grande confiance en lui.

Manquer de confiance en soi, cela n’empêche pas les choses d’arriver, jamais.
Mais cela peut en compliquer quelques-unes. Et cela vaut pour les hommes comme pour les femmes. Il y a un effet boomerang malsain en ce qui concerne le manque de confiance en soi.
A chaque échec, comme un râteau, celle-ci grandit et rend difficile les prochains efforts. C’est exponentiel.
Cela est triste à dire mais c’est ainsi.

On se prépare bien pour les entretiens d’embauche. Pourquoi pas pour rencontrer quelqu’un ?

Je l’ai compris tardivement. A cette époque, j’étais amoureux d’une amie. Mais je n’ai jamais osé lui dire.
Je la trouvais belle, intelligente, drôle et charmante.
Je l’avais connu en couple mais cela n’a pas duré. Elle était donc célibataire pendant une longue période.
Pourtant j’ai toujours eu peur d’afficher les choses et de me prendre ce fameux « râteau ».

Je n’avais en tête que les conséquences, car je partais vaincu. J’avais peur que cela ne casse notre relation.
Je n’arrivais pas à avoir un minimum de confiance pour imaginer les côtés positifs, le « et si elle aussi ». Donc je n’ai jamais rien tenté et je l’ai laissé sortir avec un autre homme. Je l’ai longtemps regretté.

Elle est devenue maman, à son plus grand bonheur. Moi, j’ai vécu ma vie de mon côté.
J’ai revu cette jeune femme 3 ans plus tard lors d’une soirée, un poil arrosé. Et là, sans trop savoir comment, j’ai découvert que je n’aurai jamais pris ce râteau.
Elle avait les mêmes sentiments que moi et avait également la même peur du refus et du changement de notre relation. Elle avait espéré longtemps… Elle l’a regretté aussi pendant un certain temps mais était passé à autre chose.

Mon regret était devenu un remord. Le fait de ne pas avoir osé.

Cette histoire m’a permis de faire le point. Le mec avec qui elle a eu sa fille, cela aurait pu être moi. Je ne sais pas, et je ne saurai jamais ce que cela aurait donné mais je me dis qu’il était stupide de laisser passer de telles occasions simplement parce que j’avais peur d’essuyer un refus.
Je ne voulais plus de ces satanés remords. J’ai commencé à lire, beaucoup. Des romans, des biographies, des récits de voyages, etc.
Même si tous sont assez romancés, je me suis rendu compte que les gens qui ont eu une vie, une vraie, ont tenté les choses, et ont souvent rencontré des échecs. Une fois, deux fois… Mais ont souvent réussi à un moment ou à un autre.

Leurs échecs étaient souvent une préparation légitime à leur réussite. J’avais de moins en moins envie de laisser passer une autre occasion. Je voulais être prêt.

J’ai changé ma façon de sortir.

Moi qui restais auparavant systématiquement avec mes amis, j’ai commencé à me « balader » quasiment systématiquement dans les endroits où nous allions.
Je faisais un simple tour du lieu pour voir si des personnes me plaisaient.
Au départ, je ne leur parlais pas, je n’osais pas. Je passais juste à côté, je faisais un sourire.
Parfois, j’obtenais un joli sourire en retour, des fois non.
Une fois mon tour fini, je revenais m’asseoir avec mes amis, qui, souvent, ne s’étaient rendu compte de rien.

Au fur et à mesure du temps, je partais de plus en plus longtemps.

Mes amis s’y étaient habitués. Je commençais à parler aux inconnus, hommes ou femmes.

Souvent des groupes de personnes car c’est plus simple à aborder : il n’y a pas de tête à tête qui pourrait se révéler gênant. « Que fêtez-vous ? », « Vous travaillez tous au même endroit ? », « vous venez souvent ici ? Moi, c’est la première fois (même si ce n’était pas vrai^^) ».

Sur le groupe, il y a toujours une ou deux personnes au contact facile qui répondent et présentent les autres.

Et si personne ne répond, ce n’est pas grave : on continue un peu plus loin.

Je savais dans les deux premières minutes si j’avais quelques « atomes crochus » avec les personnes, mais, même si je ne les avais pas, je restais un peu, histoire de discuter, de prendre l’habitude d’être avec des personnes que je ne connaissais pas.
Ces discussions pouvaient durer quelques minutes comme des soirées entières.

En parallèle, j’ai décidé de travailler mon comportement en soirée chez les gens.

J’avais longtemps refusé d’aller dans les soirées où je ne connaissais personnes car je ne voulais pas faire d’ « efforts ».
J’ai décidé de me donner comme défi d’y aller et de parler à quelques personnes.
Dans le pire des cas, j’aurai passé 2 heures à regarder le plafond, boire des bières et grignoter des Curly.
Cela n’était pas facile au départ mais j’en ai eu marre de rester dans mon coin.

Un soir, j’étais invité à l’anniversaire d’une amie de mon pote.
Sur une trentaine d’invités, je connaissais juste 2 ou 3 personnes. J’ai très vite senti que tous se connaissaient depuis longtemps et que j’allais vraiment être seul si je ne faisais pas quelque chose.

Je suis donc allé voir le plus grand groupe et j’ai été assez direct :

« bonjour, je suis désolé de couper cette conversation, mais je ne connais personne ce soir et si je ne fais rien je vais passer la soirée dans mon coin à ne rien faire. Donc me voilà ».





Ça en a fait rire quelques-uns et nous avons discuté toute la soirée. Qui fut d’ailleurs très sympathique.

Depuis ce soir-là, j’essaye de systématiser cette démarche quand je ne connais personne. Je ne le fais pas par contre quand je suis fatigué car cela demande pas mal d’énergie.
Je me suis rendu compte qu’informer les gens qu’on ne connait personne et qu’on a envie de discuter avec eux permet de les détendre et de nous faire remarquer.
Et cela permet d’inclure les autres « timides » qui viendront souvent vous remercier.

Soyons clair, cela ne marche pas avec tout le monde mais, proportionnellement, il y en a toujours certains qui aiment parler à de nouvelles personnes.
On tombe également des fois sur quelques gros lourds, mais c’est le tribu à payer.
On apprend par la même occasion les techniques pour s’échapper discrètement de ces personnes, mais ça, c’est une autre histoire :).

D’autres fois, on tombe sur des charmantes rencontres qui peuvent se transformer en « plus si affinités ».

Au fur et à mesure, j’ai pris de plus en plus confiance en moi en travaillant le fait d’aller aborder les gens sans arrière-pensée.

Puis j’ai commencé à travailler un autre point : aborder les femmes.

Je ne voulais plus avoir peur d’aborder une femme, aussi belle et charmante qu’elle soit.
Au départ, j’attendais d’avoir assez bu pour que ma timidité tombe. Mais bon, pour être franc, il n’est pas facile de faire bonne impression en titubant et ayant une patate dans la bouche.

Mais cet état avait un avantage (oui, je l’assume): on se mange pas mal de râteau et on commence à s’y habituer.

Les premières hontes s’éloignent, on se rend compte que ce n’est finalement pas si méchant.

On comprend qu’on se prend ces râteaux car personne ne voudrait discuter/sortir avec quelqu’un qui est plus beurré qu’un petit Lu, qui ne fait pas envie de discuter avec lui.
Ce n’est pas nous : c’est notre état qui provoque le râteau.
J’ai donc commencé à y aller sans beaucoup boire. Bien évidemment, on se prend toujours des vestes, de quoi se faire un beau dressing, mais un peu moins souvent.
On se retrouve à discuter avec des femmes en parlant de tout et de rien, même si elles ne sont pas intéressés par notre petite personne.
Je tiens à préciser que je n’allais pas forcément voir des femmes qui me plaisaient. Je voulais juste travailler mon approche et ma confiance en moi.

Au fur et à mesure, j’étais de plus en plus détendu dans mes échanges avec le sexe opposée.

Et cela se voyait puisqu’à quelques occasions, je n’avais pas besoin de faire le premier pas. Loin de moi l’envie de juger les gens : je suis juste persuadé qu’aborder quelqu’un nécessite une certaine aisance, dans son attitude et dans son expression. Au même titre qu’un entretien d’embauche.
Si tu n’aies pas préparé correctement, tu n’auras pas le job de tes rêves.

Je suis conscient que cette analogie est un peu dure mais c’est ma vision des choses. J’ai déjà passé de plusieurs entretiens pour des boulots qui m’intéressaient. Et quand je n’ai pas été pris, je n’ai jamais eu de regret si je m’étais bien préparé.
J’en ai eu seulement quand je suis arrivé les mains dans les poches, manquant de confiance en moi.

En conclusion, il n’est pas insurmontable de prendre un peu de confiance en soi.

Les premiers étapes sont souvent les plus difficiles à passer mais je vous le promets : cela vaut le coup.
Essayez juste de vous donner des petits défis progressifs : sourire à quelqu’un dans un bar ou dans le métro (oui, même à Paris c’est possible), d’aller parler à des personnes que vous ne connaissez pas (et qui ne vous intéresse pas physiquement forcément), d’aborder la parole à quelqu’un dans le bus, etc.
Progressivement, vous sentirez moins de « peur » face au sexe opposée et vous vous surprendrez à proposer votre numéro de portable, de lancer une invitation pour un café le lendemain d’une soirée, ou bien offrir un verre à quelqu’un qui vous plait.

Le râteau est un outil. De jardinage oui, mais aussi de confiance en soi.

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