Mademoiselle Julie ou l’impossibilité d’être heureux ?

5 septembre 2014

Aujourd’hui c’est Akialam qui possède un blog du même nom, qui s’est rendue pour nous à la projection du film Mademoiselle Julie et elle nous donne son avis :
Voici un film qui m’inspirait au départ une envie mitigée car j’aimais l’idée du jeu de séduction entre les personnages, mais je craignais par ailleurs une réalisation trop contemplative. 

En effet, il s’agit ici d’une adaptation de la pièce « Miss Julie » d’August Strindberg et il n’est pas rare que les cinéastes, lorsqu’ils adaptent une oeuvre théâtrale, soient tentés de conserver les codes scéniques pour les porter à l’écran. Ce procédé leur donne l’impression de rester fidèles à l’oeuvre originelle, mais en réalité, n’aboutit le plus souvent qu’à perdre son intensité.

Heureusement, mes craintes furent vite dissipées, car dès le début, j’ai été happée par ce trio de personnages et ce huis clos maintenant une tension permanente entre eux.
Si leurs relations sont, théoriquement du moins, régies par les codes sociaux de hiérarchie et de genre, très vite, les rapports de force vont fluctuer, en cette nuit de la Saint Jean où la fête tolère un certain relâchement, la fatigue la danse et l’alcool aidant. Mais il reste des limites, que les personnages, sans doute trop en avance sur leur temps, ne vont pas tarder à franchir.

La bande annonce de Mademoiselle Julie

Ce qui est prenant, c’est cette incertitude permanente, cette insoutenable ambiguïté qui anime les personnages : peuvent-ils s’aimer ? Qui manipule qui ? A moins que chacun d’entre eux, déjà brisé, ne cherche qu’à provoquer le dénouement auquel il aspire depuis longtemps.

Porté par des acteurs remarquables de justesse et de finesse, jusque dans leurs ruptures de jeu, ce film nous livre une vision pour le moins pessimiste d’un monde où les personnes étouffent dans le carcan des conventions, mais où s’en affranchir est tout aussi fatal.
Un monde où, quelle que soit sa classe sociale, le bonheur est impossible si l’on aspire à autre chose qu’à rester à sa place.

Ce film m’a sans doute d’autant plus émue que je me suis parfois reconnue dans le désarroi des personnages. Des acteurs incroyables, une ambiguïté permanente et une tension qui ne se relâche jamais, pour un film dont l’intensité vous poursuit bien après avoir quitté votre fauteuil.

Le 10 septembre au cinéma avec Jessica Chastain et Colin Farell.

  • Destrieux
    6 septembre 2014 at 16 h 24 min

    La sarabande d’Haendel et ces « cris et chuchotements »
    qui font, au moins dans la bande annonce, penser à Bergman… mais rien de vraiment surprenant quant on voit le nom de la metteur (je ne connais pas le féminin) en scène !

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